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La statuaire de la Côte d’Ivoire au Quai Branly
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A Paris, le Quai-Branly présente un panorama exceptionnel de 330 œuvres d’artistes africains méconnus.

L’art gouro et baoulé au centre, la statuaire dan à l’ouest, les Sénoufo au nord, les Lobi au nord-est et les peuples lagunaires au sud-est : l’exposition « Les maîtres de la sculpture, Côte d’Ivoire » – qui a lieu au Musée du quai Branly à Paris jusqu’au 26 juillet – réunit des sculptures sur bois provenant des ateliers de maîtres du XIXe et du début du XXe siècle. Un art singulier qui témoigne de la diversité des styles et des critères esthétiques à travers plus de 330 œuvres – statues, masques et ustensiles usuels – venues de Côte d’Ivoire et des pays voi

«Je hais les objets, surtout ceux que l’on regarde comme le produit des arts, exilés des relations humaines qui leur donnaient une pleine signification», confessait, en 1957, Georges Balandier dans Afrique ambiguë, livre devenu culte. Ces objets qu’évoque l’ethnologue français, ce sont ceux «des vitrines» : venus d’Afrique pour figurer dans les musées occidentaux. Que voit-on dans un masque africain ? Un simple objet décoratif qui ferait joli dans le salon ? Un fétiche, paré de tous les clichés d’un continent qui reste méconnu ? Et justement, comment le rapproche-t-on d’un monde «qui, ignorant l’écriture, n’a pu enregistrer son histoire dans des bibliothèques», comme le soulignait Balandier ?

L’exposition «Les maîtres de la sculpture en Côte-d’Ivoire» présentée au musée du Quai-Branly essaie, de façon a priori audacieuse, de répondre à ces défis. Non pas tant en offrant un panorama (parfois trop) exhaustif du génie de six régions de ce pays d’Afrique de l’Ouest (et aussi en fait, des pays limitrophes). Mais surtout en tentant d’identifier non seulement les styles, mais aussi les artistes, ces hommes méconnus qui ont créé les pièces que musées et collectionneurs s’arrachent depuis près d’un siècle. On découvre ainsi Sra, sculpteur élevé au rang d’un quasi-dieu de son vivant (mort en 1955). Ou encore Tamé, «lutteur célèbre», nous dit-on, tout autant que «séducteur», et son génial oncle Uopié, «maître unanimement reconnu» pour ses masques aux lèvres charnelles et aux yeux en fentes horizontales. Il y a aussi Kuakudilé, «premier sculpteur de Côte-d’Ivoire dont on connaisse l’apparence physique». Mais pas la voix, ni la vision de sa vocation.

Or, c’est bien l’écueil de cette entreprise, certes aussi honorable qu’originale, mais qui nous renvoie d’abord au miroir de nos propres limites : les Occidentaux en contact avec ces maîtres de la sculpture, dans la première moitié du XXe siècle, n’ont pas pu ou voulu les interpeller. Et en dehors de quelques noms sortis du néant, les autres sculpteurs ne sont connus que par le nom de leurs acheteurs ou de leurs régions : le Maître de Vérité ne désigne pas un gourou visionnaire mais un sculpteur depuis longtemps identifié à travers le nom du collectionneur français Pierre Vérité qui, le premier, fit l’acquisition de certaines de ses œuvres. De la même façon, l’amusant et talentueux Maître des Ombrelles - qui réalisa une synergie inattendue entre art dit traditionnel et imaginaire colonial - a été baptisé ainsi après coup, en raison de la présence des fameuses ombrelles sur certaines de ses sculptures. Même procédé pour le Maître des Mains énormes et le Maître des Beaux Seins, supposés reconnaissables grâce à un style, un détail récurrent, mais dont on ne saura rien d’autre. S’agit-il pour autant d’artistes ordinaires ? Il faut lire V. S. Naipaul (1) ou les recherches plus récentes de Marie Miran-Guyon (2) pour évaluer le poids du «monde invisible» et des croyances en Côte-d’Ivoire. Encore aujourd’hui. Loin d’être de simples créations esthétiques, ces objets ont servi, et servent peut-être encore, de liens. Entre le monde d’ici et celui de l’au-delà, entre le présent et les fantômes du passé, entre la paix et la guerre. Ce n’est pas du folklore primitif, comme pourraient le laisser croire certains panneaux, trop intemporels. Mais un vrai pouvoir, qui survit même en milieu urbain, au sein de sociétés qui ont vite appris à se cacher du regard occidental. C’est l’ombre qui nous échappe derrière le masque. Elle plane toujours, comme un mystère, sur ces quelque 330 pièces, dont certaines réellement magnifiques, rassemblées pour la première fois au Quai-Branly.

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